Coopérer, innover, impliquer : la Guyane construit sa santé territoriale

Ce lundi 30 juin, l’auditorium de la mairie de Rémire-Montjoly a accueilli le premier séminaire régional consacré aux « Contrats Locaux de Santé en action : bâtir une stratégie territoriale transversale », à l’initiative de l’Agence Régionale de Santé de Guyane.
Un premier séminaire régional pour mutualiser les forces au service de la santé des Guyanais
Ce rendez-vous a réuni les référents et élus santé des communes de Cayenne, Rémire-Montjoly, Matoury, Saint-Laurent du Maroni, Macouria et du territoire des Savanes, autour d’un objectif commun : renforcer les liens et coopérations pour répondre ensemble aux enjeux de santé propres au territoire guyanais.
Ce séminaire s’inscrit dans le contexte de la réécriture des CLS, entamée il y a plus d’un an, et vise à mettre en lumière les dynamiques locales, partager les bonnes pratiques et valoriser les initiatives innovantes menées au plus près des habitants. La rencontre a permis d’illustrer l’évolution du positionnement de l’ARS, qui entend travailler en co-construction avec les collectivités et partenaires, dans une logique d’horizontalité et de proximité.
Des témoignages et échanges riches
Au cours de la journée, Mme Martine Papaix, élue communautaire, Mme Tatiana Falgayrettes, DGS de la CCDS et Mme Christiane Pedie, coordinatrice du CLSI, ont apporté leur éclairage lors de témoignages et tables rondes, tout comme Mme Agelas, coordinatrice du CLS de Matoury, qui a illustré la dynamique locale avec des exemples concrets (déploiement d’outils d’information en santé, identité visuelle forte, implication des habitants dans les projets).
On pouvait également noter la présence de Mmes Céline Regis et Fidelia Bocage, élues communautaires, qui ont souligné les défis spécifiques au territoire, notamment les questions de mobilité et de transport, cruciales pour accéder aux actions de santé, particulièrement dans le territoire enclavé des Savanes.
Un dispositif de proximité au service de tous
Pour rappel, le CLS du territoire des Savanes constitue le premier contrat local de santé intercommunal de Guyane. Il incarne la volonté de mutualiser les moyens et de dépasser les limites communales pour construire une stratégie de santé publique adaptée aux réalités locales, qu’elles soient urbaines ou rurales. Les CLS ne sont pas « un outil de plus », selon Christiane Pedie, ils sont conçus pour travailler pour l’autre, avec l’autre, en impliquant systématiquement les habitants, garants de la légitimité des actions menées.
L’enjeu est d’articuler les CLS avec les politiques éducatives, sociales et urbaines, pour bâtir une approche globale de la santé. Ainsi, le partenariat étroit avec le CIASS, la collaboration avec le Rectorat, ou encore la réflexion sur les articulations avec la santé scolaire illustrent cette transversalité.
Coopération, participation, innovation
Trois axes structurants se dégagent des échanges :
- Coopération, via l’identification et le maillage des acteurs sur le territoire, pour favoriser l’intelligence collective.
- Participation des habitants, pleinement intégrés dans la dynamique des CLS pour faire émerger des actions au plus près des besoins.
- Innovation, qu’elle soit organisationnelle (binôme élu-coordinateur, mutualisation des ressources) ou technique (e-consultation, unités mobiles, projets intergénérationnels).
À Matoury, premier CLS de la Guyane, cette approche transversale se traduit par un rôle d’incubateur, capable d’expérimenter et de structurer des actions qui nourrissent ensuite d’autres territoires.
Une ambition collective
Au-delà des difficultés, notamment budgétaires (écart relevé entre les financements du contrat local des solidarités et du CLSI), l’ensemble des participants a manifesté une volonté commune de faire avancer ces projets structurants. Comme l’a rappelé M. José Gaillou, directeur du cabinet du Maire de Sinnamary : « Quand on emmène le service à la population, elle participe ».
Enfin, la rencontre a permis de poser des jalons pour mieux cartographier et suivre en temps réel les actions des associations, grâce à des outils numériques qui restent à renforcer, et de réfléchir à des modalités de gouvernance et de financement durables.